Les objets de l’exposition Archéonimaux

Statuette d’une chatte

Égypte, Basse Époque (VIIe siècle – IVe siècle avant J.-C.)

Bronze : 23,2 x 9,1 x 18 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

En égyptien ancien, « chat » se dit “miu”, mot qui est sans doute l’équivalent de l’onomatopée “miaou”. Ce mot était également utilisé comme prénom en Égypte ancienne et peut-être traduit par “Chaton”. Cette statuette, qui représente sans doute la déesse Bastet, a pu être offerte par une femme dans un temple à cette divinité pour la remercier d’une grossesse ou d’une naissance, Bastet étant la déesse protectrice des femmes enceintes.

Sarcophage de chat

Égypte, Ier-IIIe siècle après J.-C.

Bois : 25,1 x 9,9 x 12,4 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève.
Photographe : André Longchamp

Ce sarcophage de chaton devait contenir à l’origine le corps momifié d’un tout petit chat. La momification des chats était pratique courante en Égypte, soit que les propriétaires momifient leur animal favori, soit qu’il s’agisse de chats sacrés de la déesse Bastet, dont le sanctuaire était situé dans le Delta du Nil, à Bubastis. Bastet était une déesse protectrice des femmes et des enfants et était figurée comme une déesse à tête de chat. Des chats momifiés lui étaient alors donnés en offrande.

Statue d’un taureau divin

Égypte, Époque ptolémaïque (IVe siècle avant J.-C. jusqu’à notre ère)

Diorite noire : 42 x 19,7 x 59,6 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève.

Cet animal peut être identifié comme étant un taureau Apis, héraut du dieu Ptah, divinité créatrice de la ville de Memphis. Quand le taureau Apis de Memphis mourrait, les prêtres du temple de Ptah partaient dans tout le pays à la recherche d’un veau remplissant une liste de caractéristiques physiques préétablies servant à reconnaître un taureau Apis. Une fois le bon veau trouvé, celui-ci devenait le nouvel Apis et était installé à Memphis. À sa mort, il était enterré avec toute l’attention et les cérémonies requises, ces cérémonies étant celles qui étaient en usage lors de la mort et des funérailles d’un pharaon. Cette statuette a pu être dédiée à un taureau Apis par un croyant pour accompagner une prière.

Couple d’onagres

Sumer, fin du IIe millénaire avant J.-C.

Bronze : 5,5 x 10 x 2,5 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

Deux statuettes en fonte pleine, représentant un couple d’onagres, l’un et l’autre portant un licou autour du cou. Les onagres (ânes sauvages) étaient considérés comme des animaux particulièrement indomptables. Ils ont néanmoins été chassés pour être croisés avec des ânes. La présence d’un licou indique peut-être que ceux-là, au moins, avaient été domptés.

Scarabées

Égypte, Nouvel Empire (XVIe siècle – XIe siècle avant J.-C.)

Pierre mouchetée verte : 2,9 x 4,8 x 6,2 cm

Grauwacke : 5,9 x 4,1 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp
© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

Tout comme les Grecs et les Romains pensaient que le soleil était convoyé dans les cieux dans le char de l’une de leurs divinités, les Égyptiens pensaient qu’un bousier invisible poussait le soleil à travers le ciel. Le scarabée est ensuite devenu l’une des principales images associées à l’idée de résurrection, par analogie au lever quotidien du soleil. La symbolique de résurrection associée au scarabée était renforcée par le nom égyptien du scarabée qui signifie “voir le jour” en référence à la renaissance dans l’au-delà.

Alabastre aux coqs

Grèce, Corinthe, 625-600 avant J.-C.

Céramique : 34,3 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

Vase orné de deux coqs affrontés, entourant un serpent. Les coqs sont figurés ici figés de manière héraldique, et ne combattent pas. Ils évoquent les combats de coqs, dont les Anciens étaient friands et dont nous parlent les auteurs.

Ce type de vase est destiné à recevoir des parfums et huiles parfumées. En l’occurrence, vu sa taille, il s’agit probablement d’un don funéraire ou d’un ex-voto destiné à un sanctuaire. Le thème des coqs affrontés est un thème fréquent dans l’art archaïque et classique. Il s’agit ici d’un objet d’un ex-voto ou d’une offrande funéraire.

Amulette en forme de coq

Monde romain, IIe-IVe après J.-C.

Améthyste et or : 2,4 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

Le coq est avec le bélier et la tortue l’animal du dieu Mercure, dieu du commerce et par extension, de la richesse. Peut-être cette amulette avait-elle le pouvoir d’attirer sur son propriétaire les faveurs du dieu. Le coq apparaît aussi dans de nombreux rituels magico-médicaux de l’époque romaine mentionnés par Pline. Pour ne citer que quelques-unes de ces recettes : « La fiente de coq, pourvu qu’elle soit rousse, est utile; on l’applique avec du vinaigre » ou encore « Le bouillon d’un vieux coq relâche davantage le ventre ; il est bon aussi pour les fièvres de longue durée, l’engourdissement des membres, le tremblement et les douleurs articulaires … »

Statuette d’une mangouste

Égypte, Basse Époque (VIIe siècle – IVe siècle avant J.-C.)

Bronze : 4,7 x 2,3 x 18,3 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

La nature prédatrice de la mangouste ainsi que son esprit indomptable et persévérant ont mené les Égyptiens à l’associer à Atoum, le démiurge, divinité initiatrice de la création du cosmos, responsable du maintien de l’ordre dans le cosmos et qui combat donc les forces du mal symbolisées par des serpents, dont notamment le serpent Apophis. Dans la cosmogonie égyptienne, Atoum et Apophis sont engagés dans une lutte quotidienne pour maintenir la fragile balance de l’équilibre du cosmos. L’hypostase d’Atoum, à savoir sa forme d’incarnation animale qu’est la mangouste, assure cette victoire quotidienne nécessaire.

Groupe formé d’un aigle et d’une tête de bélier

Asie Mineure (Cappadoce), IIe-IIIe siècle après J.-C.

Bronze : 7,7 x 2,8 x 3,7 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

Il s’agit d’une gaine destinée à être emboîtée sur un montant constituant l’armature de la cabine d’un char. Elle représente un aigle surmontant une tête de bélier, elle-même posée sur un petit autel quadrangulaire. L’image évoque l’animal attribut de Zeus : c’est en quelque sorte une image abrégée du Zeus anatolien, habituellement représenté maîtrisant un animal sacrificiel (ici le bélier). Bien qu’ayant appartenu initialement à un décor de char, l’objet a pu ensuite être offert en ex-voto à Zeus/Jupiter.

Monnaie de Ptolémée V

Égypte, début du IIe siècle avant J.-C.

Argent : 0,3 x 2,3 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Jean-Marc Baumberger

Si la face (dite aussi « le droit ») de la monnaie représente le buste de Ptolémée V, un des successeurs d’Alexandre le grand en Égypte, le revers est orné d’un aigle posé sur l’attribut de Zeus, le foudre. L’aigle et le foudre, les deux attributs du roi des dieux et chef du panthéon grec, Zeus, évoquent l’autorité et le pouvoir royal.

Groupe formé d’un lion attaquant un bovidé

Italie du Nord, Ier-IIe siècle après J.-C.

Ambre : 4,6 x 7,4 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

L’ambre, résine fossile originaire de la mer Baltique était un matériau de luxe, dont on faisait des objets précieux, et il passait pour avoir des vertus magiques. Une tradition – dont Pline se moque d’ailleurs – en faisait de l’urine solidifiée de lynx !

Porté en amulette, l’ambre, appelé aussi succin, passait selon Pline pour protéger les enfants et entrait dans la composition de nombreux médicaments. Ici, il s’agit probablement ici d’une offrande funéraire, telle qu’on en a trouvé dans plusieurs tombes. Le thème ici exploité –un bovidé attaqué par un lion– est un thème qui plonge ses racines dans la traditions proche-orientale et peut-être lue aussi une image de la mort cruelle.

Poignée en forme de lion bondissant

Étrurie, Ve siècle avant J.-C.

Bronze : 8,2 x 5,8 x 22,3 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

Élément de décor d’un récipient précieux, probablement une patère, récipient destiné à un usage cultuel, pour faire des libations aux divinités.

Statuette de lion inscrite « Markos »

Monde grec, Ier-IIe siècle après J.-C.

Bronze : 7,7 x 13,5 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

Cette statuette, représentant un lion marchant, présente la particularité de comporter une inscription en grec, gravé sur le flanc de l’animal. Il s’agit d’un nom propre, Markos – Marc – qui est peut-être le nom du propriétaire de la statuette, ou celui qui l’a offerte en don dans un sanctuaire. À moins que ce ne soit le nom de l’évangéliste Marc, dont le symbole est un lion.

Vase en forme de ruche, orné de lions

Royaume de Saba, IIIe siècle-Ier siècle avant J.-C.

Albâtre : 25,4 x 20 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

Ce type de récipient se caractérise par sa forme de ruche et son couvercle surmonté d’un lion debout. Deux petits lions couchés constituent les anses du récipient. Les lions sont percés de trous : probablement ces trous étaient-ils destinés à recevoir une corde, qui assujettissait le couvercle au contenant. Il s’agit de vases précieux, dont la réalisation demandait un grand savoir-faire. Il est possible qu’ils aient été destinés à contenir des huiles ou des pâtes parfumées.

Statuette de babouin

Égypte, Basse Époque (VIIe siècle – IVe siècle avant J.-C.) – Époque ptolémaïque (IVe siècle avant J.-C. jusqu’à notre ère)

Faïence : 7,4 x 4,5 x 5,4 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

Dans la nature, les babouins peuvent être observés en train d’hurler au lever du soleil, pratique qui a été interprétée par les Égyptiens comme un langage secret destiné à louer le dieu Soleil. Ils ont donc associé ce langage à Thot, inventeur de l’écriture et patron des scribes, dont le babouin est devenu l’une des hypostases.

Palette en forme de tortue

Égypte, Période prédynastique (fin du IVe millénaire)

Grauwacke : 9,2 x 6,8 x 0,7 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Grégory Maillot / Agence point-of-views.ch

Les Égyptiens croyaient que les cinq orifices de la tête étaient des portes à travers lesquels des forces maléfiques pouvaient entrer dans le corps. Parmi ceux-ci, les yeux étaient les plus vulnérables. Dans le but de protéger le corps de telles invasions, les Égyptiens broyaient de la galène ainsi que de la malachite sur des palettes à fard comme celle-ci puis s’appliquaient cette poudre autour des yeux, un peu comme du khôl. Les palettes à fard étaient courantes et il en existait de nombreuses variétés, toujours en forme d’animaux. Dans les tombes de la période prédynastique, les palettes à fard étaient placées près de la tête du défunt pour que la poudre cosmétique repose au plus près possible des yeux du mort.

Paire de boucles d’oreilles ornées de grenouilles

Italie du Sud, IIIe-IIe siècle avant J.-C.

Or et pierre semi-précieuse verte : 7 x 2,6 x 1,4 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

Boucles d’oreilles dont l’élément principal est une demi-lune surmontée d’une boule réalisée selon la technique de la granulation. Sous la pierre qui orne le centre de la demi-lune, est accrochée une petite grenouille, tête en bas. Quatre chaînettes terminées par une pendeloque allongée sont suspendues à cette structure.

Sarcophage de musaraigne

Égypte, Basse Époque (VIIe siècle – IVe siècle avant J.-C.) – Époque ptolémaïque (IVe siècle avant J.-C. jusqu’à notre ère)

Bois peint : 16,5 x 31,8 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Sandra Pointet

Les Égyptiens associaient la musaraigne à la nuit, aux ténèbres ainsi qu’à la cécité. Celle-ci était donc un guide de choix pour aider les défunts dans leur périple vers la résurrection. C’est dans l’espoir d’une telle résurrection que ce sarcophage, qui contenait à l’origine une ou plusieurs momies de musaraigne, devait être placé dans une niche dans un mur de catacombes, où des centaines d’objets semblables ont été retrouvés.

Têtes de deux lions

Égypte, Basse Époque (VIIe siècle – IVe siècle avant J.-C.)

Stuc peint : 20,5 x 17 x 14 cm

Stuc peint : 21 x 16,7 x 13 cm

© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp
© Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Longchamp

Ces deux objets ont été réalisés à partir du même moule, ce qui explique leurs dimensions identiques. La peinture a pour sa part dû être refaite à une époque plus récente. Il s’agit de deux têtes indépendantes qui n’ont pas été détachées de plus grandes statues puisqu’elles ont un aspect achevé et ne sont pas brisées. On pourrait suggérer, à partir de là, que ces têtes étaient des objets votifs qui accompagnaient les croyants pour les protéger, le lion ayant de manière générale le rôle de gardien, de protecteur.

Ethique et politique d’acquisition